vendredi 20 mars 2015

Direction-Les Rocheuses Canadiennes

Direction-Les Rocheuses Canadiennes
Parfois l’opportunité cogne à notre porte inopinément. La vie envoie de nombreux signes et ouvre les bonnes portes quand le temps est opportun. Un de mes enfants a décidé de quitter le Québec pour aller étudier à Vancouver. 

Céder à l’appel du large
Un an après mon retour d’un grand voyage-Asie, Moyen Orient, Indonésie-un changement important dans ma profession imposé par le Code des professions dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines (Loi 21) allait me forcer à réfléchir de nouveau à mon avenir. Cédant à l’appel du large, je partageai mes objets entre les membres de ma famille et mes bons amis et décidai de partir vers l’Ouest. En un peu plus de trois mois tout était réglé. 

Comme je me destinais à continuer d’écrire mon tout premier livre (De l’ombre à la lumière : la guérison par un récit de vie émotionnel http://aunomdelasante.blogspot.com dont le plan interne fut imaginé et débuté alors que j’étais chez mon amie Jocelyne au Qatar, je partis vers cette terre promise avec un cœur léger et une envie de vivre à fond un de mes plus beaux rêves. J’allais me pincer régulièrement durant la traversée du Canada et lors de cette étape cruciale qui a duré un an et demi. 

Mon premier long voyage solo en voiture
Mettre le cap sur l’Ouest, traverser les Rocheuses et les périlleux tunnels dans les cols de montagnes en voiture, mon passage dans la province la plus occidentale du Canada m’a paru tenir d’un miracle aussi grandiose que les plus belles réussites de ma vie personnelle et professionnelle. Mon premier long voyage solo en voiture, je prends bientôt le rythme-900 à 1000 kilomètres par jour. Je campe, je parle à des voyageurs au long-cours, me nourris des dernières victuailles achetées la veille, je me sens en grande forme physique mais surtout mentale. C’est bon de prendre des sentiers pédestres là où je les trouve pour faire de courtes randonnées avant de reprendre la voiture pour un autre bout de chemin. C’est une aventure formidable.

Traverser l’Ontario sur sa largeur
Quand je traverse une ville d’importance, j’arrête pour fouiner et échanger avec les locaux. Je perfectionne mon anglais en le pratiquant au fil des kilomètres. Changement de routine : pendant la traversée à travers l’Ontario, je sors mes CD et je chante à tue-tête. La plus longue province à traverser, je recule dans le temps à m’imaginer ces longs rubans de route occupés par des charrettes et des carrioles menés par ses premiers pionniers. C’est à ce moment-là une route poussiéreuse et improvisée à travers champs et forêts. Je me fais du bon cinéma.

Donner des nouvelles à la famille et aux amis
Je me concentre pour dépasser Ottawa me rappelant une panne d’auto sur la 117 alors que mes enfants étaient jeunes. Plus au nord-ouest, Sudbury est la porte du Nord et en marque la frontière.  Kenora me semble l’ultime destination pour un arrêt à la bibliothèque municipale et pour donner des nouvelles à mes proches par Internet. Je ne suis pas ici pour faire la touriste mais je reconnais ce cadre sauvage comme un vaste univers de paix et de solitude.

Les roches de l’Ontario me parlent
Je me sens en expédition et je rêve de traverser ses innombrables lacs et cours d’eau en  kayak : c’est un rêve flou car il faudrait consentir à de nombreux portages et pour avoir déjà fait du kayak, je n’ai pas les poignets assez forts et fiables. Dans une autre vie peut être : je pourrais revenir comme coureur des bois comme certains de mes ancêtres. Les roches de l’Ontario m’appellent, elles sont vraiment belles. De tout temps, les agrégats de minéraux, surtout quand elles ne sont pas hétérogènes en composition et structure, me fascinent.


Franchir la frontière entre l’Ontario et le Manitoba
La voyageuse qui arrive par la route bordée d’arbres échevelés se dit qu’elle est mûre pour une journée de social. Je vois le ciel ensoleillé se constituer en dôme d’un bleu incroyable au-dessus de ma tête et je sais que j’ai franchi la frontière entre l’Ontario et le Manitoba.


Premier arrêt : le Winnipeg Art Gallery dans la verte capitale de la province pour voir une imposante collection d’art inuit contemporaine. Au matin, je prends mon premier déjeuner d’œufs, bacon et pain de ménage, quel régal! Et « en route sur la croûte » comme disait mon père quand j’étais petite. On me parle en français! Ma serveuse vient de Saint-Boniface, sa patronne, dit-elle, est d’origine ukrénienne.

La fleur officielle du Manitoba est le crocus des Prairies. À la blague, les Manitobains disent que le maringouin est leur oiseau officiel tellement ses lacs leur offrent un milieu de reproduction idéale. Ils se réclament aussi d’avoir eu Louis Riel comme fondateur de leur province. Il est né à Saint-Boniface en 1844. Le long passé chargé d’histoire du Manitoba évoque aussi la colonisation à l’origine du développement de l’Ouest canadien. Ses innombrables lacs et rivières ont façonné notre histoire et notre économie. C’est en fait le cœur du Canada. 


Reprendre la route pour traverser le Manitoba
Mon bouton « ambition » de traverser le Manitoba réassigné, je reprends la route, fraîche et dispose pour traverser les Prairies. À date, aucun signe de pluie, la route est belle, propre et meilleure pour mes pneus et ma carrosserie qu’au Québec. La pluie, c’est ma bête noire, les gros camions, de bons seconds. 

La route file tout droit devant. Entre des champs de blé et des champs de seigle, je mesure la distance dans les Prairies avec ses silos aux 16 kilomètres.

  
Sur cette route dépourvue des moindres aspérités, je crie de joie quand je vois un trou d’eau où se baignent des milliers d’oiseaux de toute sorte. Nous sommes en été, et comme les trous d’eau ne sont pas sur les bords de la route, je les distingue mal. Apparemment, selon mes lectures, ce sont les oies et de canards à l’automne qui les fréquentent.

Pour me stimuler, je pense visiter les bureaux d’information touristique si je passe devant. Ainsi, je me défroisserai les jambes et le dos, question de me dégourdir et de continuer à parler l’anglais. Je manque sérieusement de pratique. Les gens sympathiques ne manquent pas nulle part, mais ils ne parlent pas nécessairement l’anglais.

Les champs immenses, l’horizon qui me fuit, mon pied qui s’alourdit à la fin de la journée et la pénombre me font soudainement prendre conscience que, sur ces routes, certains prédateurs comme des ours pourraient croiser mon chemin. Je redouble de prudence. 

Mes pensées se valent au kilomètre
Que de kilomètres pour atteindre les Rocheuses et ses parcs provinciaux! Dans ma tête, j’élabore un plan pour séjourner en camps de méditation http://destinationspourmediter.blogspot.ca/2015/01/le-silence-pour-mediter.html avec des copines. La pensée utile est celle qui génère une action. Pour cette raison uniquement, j’enregistre le tout sur magnétophone, je choisis les lieux qui me semblent favorables pour les faire. Je vois grand comme ces espaces démesurés. Le ciel ne m’a jamais paru si près. La lumière est celle des cartes postales. On dirait que la route n’a pas de fin. Je suis fascinée.



Au cœur de l’authentique Nord-Ouest canadien
Toutes  les provinces offrent des paysages, mais ici ma réflexion se tourne vers l’histoire de la Saskatchewan et son illustre chef politique, Louis Riel. Grand défenseur des droits des métis (issus de trappeurs francophones et de femmes amérindiennes), il a dû maintes fois traverser sa province à dos de cheval, soit pour sauver sa peau ou pour échapper à l’échafaud. Il sera exécuté à Régina en 1885. 

Province des muddy badlands, les roches ici ont plus de 65 millions d’années préhistoriques. Un véritable patchwork de cultures en larges sillons se déroule devant moi. Le très moderne T. Rex Discovery Center de Eastend et ses fabuleux fossiles de dinosaures me fait penser à un de mes fils qui a tout lu sur le sujet. Petit, il dévorait les livres sur les dinosaures et en savait plus que tous ses copains de classe. Mon père aurait été fier de savoir que j’avais appris que Gordie Howe, un joueur de hockey légendaire, était  né à Floral en Saskatchewan. 
  
Les paysages passent de plus en plus rapidement. Des prairies ondoyantes et des champs de canola dorés, je commence à voir les sommets enneigés de l’Alberta.



Mon impatience me dirige vers Lethbridge, j’y dormirai, prendrai un bon bain chaud et je visiterai en matinée un merveilleux jardin aménagé en 1967 à l’occasion du centenaire du Canada. C’est en souvenir de tous les travailleurs japonais qui, à bout de bras, ont bâti les chemins de fer de l’ouest et en souvenir de l’indéfectible amitié internationale que le Jardin Nikka Yoko a été conçu. 

Au retour, je me promets d’arrêter dans Dinosaur Provincial Park et à Drumheller pour visiter le Royal Tyrell Museum of Paleontology. Je croyais voir des troupeaux de buffles, il n’en fut rien.

L’identité des Albertains est étroitement liée aux peuples autochtones. Je me promets de revenir vivre une expérience culturelle en assistant à un pow-wow local ou l’on fera des célébrations réunissant chant, danse et spectacle.

La magie du voyage opère son charme. Ces vastes étendues stimulent ma pensée. C’est étrange de se rappeler que les plus grandes militantes pour les droits des femmes du Canada ont toutes vécues en Alberta. Pour n’en nommer que quelques-unes : Henrietta Muir Edwards, Nellie McClung, Louise McKinney et Emily Murphy. 

Quand je rejoins Banff, je loge dans un Best Western, histoire de me sentir moins nomade que durant les derniers six jours. Mon repas est tout à fait civilisé et des gens de London Ontario se joignent à moi au dessert. Nous sympathisons, échangeons des informations personnelles et finissons la soirée en beauté sur la terrasse de notre hôtel. Je quitterai les Dobsons avant que mon auto ne se change en citrouille et je serai de nouveau sur le tarmac vers 5:30 le lendemain matin. Avec un compagnon ou une compagne, je me serais attardée dans ce coin, mais pour le moment, il me tarde d’arriver en Colombie-Britannique. 

Voyager seule réserve de belles surprises
De grands changements se manifestent quand on voyage seule, que l'on expérimente une solitude habitée.http://destinationspourmediter.blogspot.ca/2014/12/voyager-pour-mediter-est-une demarche.html On a le temps de  penser et de tirer des réflexions sur ces pensées. Je partage mes plans avec des cyclistes dans les Auberges de Jeunesse. Ce sont des personnes de mon âge qui ont le goût de se dépasser et de vivre de belles surprises dans notre magnifique pays.


En route vers la Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique s’étend en grande partie dans la cordillère canadienne. C’est une région constituée de chaînes de montagnes, de vallées, de plateaux et de plaines. Côtière, elle longe la côte du Pacifique. Je me devance. Je dois d'abord traverser cette province pour me rendre sur l'île de Vancouver.

C’est une route de merveilles
Mon premier Kicking Horse Pass pour entrer dans la ville de Golden par la route 1 m’offre une vue imprenable. Je crie, c’est une véritable victoire. J’y suis. Golden est une ville située sur la rive-est de la rivière Kicking Horse à proximité du parc national Yoho. C'est une porte d'entrée pour les naturalistes et pour les amoureux de vraie nature. Les parcs nationaux Glacier et Revelstoke regorgent de sentiers pour explorer les forêts aux arbres centenaires ou pour grimper sur des sommets offrant de splendides panoramas. Mes arrêts sont ponctués de marches en nature pour faire le plein de paysages grandioses que je partage avec d'autres touristes.

Au loin, la beauté spectaculaire des pics enneigés fascine, l’œil recherche le calme des vallées fertiles. Je devine de profondes gorges volcaniques. Plus tard, en voiture, quand je passe près de lacs bordés de sable fin, de collines semi-arides aux rivières tumultueuses, des parcs immenses et sauvages aux terres d'élevage, je bénis le paysage de cette région d'une diversité inouïe.

Kamloops est une ville de la Colombie-Britannique avec une population d’environ 85 000 habitants située à 350 kilomètres au nord-est de Vancouver dans la Vallée du Thompson.  Campée au milieu d'un immense territoire d'élevage de bétail, la ville de Kamloops est surnommée "la capitale du boeuf et des tournois sportifs". S'y déroule chaque année un pow-wow de réputation internationale, organisé par les Amérindiens Shuswap.

Mon arrivée dans la ville de Hope coïncide avec l'heure du repas du midi. Mon arrêt me donnera à réfléchir car j'ai déjà pensé que j'aimerais m'y établir un jour. Que non! Les montagnes m'intimident, me compriment. La visiter me fait plaisir, mais il est clair que je n'y établirai pas mes racines.

La vallée de l'Okanagan s'étend sur environ 250 kilomètres de longueur et une vingtaine de kilomètres de largeur avec de grands vignobles et des plus grands vergers du Canada, est encerclée dans un paysage semi-aride qui sent bon la sauge.

La terre est baignée de soleil et les lacs offrent de multiples facilités pour les sportifs nautiques. À l'ouest s'étendent la vallée et la gorge de la rivière Thompson, où la route serpente tantôt au bord de l'eau, tantôt à flanc de coteau, puis s'achemine entre les collines arides, coupées par endroits de falaises dentelées par l'érosion. C'est une région qu'empruntèrent les chercheurs d'or et où se trouve actuellement la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde. 

La grande richesse de la vallée de l'Okanagan
Les premières vignes de la Colombie-Britannique furent plantées dans les années 1860 près de la Mission Okanagan par le Père Charles Pandosy, et ce pour des raisons en partie religieuses.  On trouve près de 90 vignobles dans les vallées de l'Okanagan, la plupart situés entre Osoyoos et Vernon. Cette vallée est souvent comparée de par sa latitude, son orientation et son climat à la Vallée du Rhin en Allemagne. C'est une vision poétique, une expérience étonnante. La nature me tient en haleine. Quand je descends de la voiture, je hume les odeurs luxuriantes.

La Route du Vin de l'Okanagan se déroule d'Osoyoos à Salmon Arm. Elle est  signalisée par des panneaux rouge et blanc pour proposer des tours guidés et des dégustations. Dans les environs de Vernon, on propose même des tours de vignobles en canoë.

Mon auto m’impressionne. Chargée à 4 pouces du tarmac, elle roule sans contrainte. Je la baptise pour avoir un lien plus étroit avec elle. Elle s’appelle EST DAUPHINE en honneur de l’atelier LA STRATÉGIE DU DAUPHIN que j’ai donné précédemment dans mon coin de pays. Sympathique, ma vie de nomade m’enchante.

Merci de soutenir la mission éducative de Lorraine Loranger en soumettant cet article à vos contacts.

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