mardi 7 avril 2015

La méditation est le début d’une croissance personnelle intime

Un grand besoin de calme pour écrire
Ma motivation première pour le déplacement vers les Rocheuses était l’écriture du livre « De l’ombre à la lumière : la guérison par un récit de vie émotionnel » conçu au Qatar. Ma recherche est faite, il me reste à écrire un livre en forme intelligible.

Écrire est un travail en solitaire
L’île de Vancouver est la plus grande île du Pacifique en Amérique du Nord. L’île me paraissait le meilleur endroit pour le terminer. Écrire pour moi est un travail en solitaire. Comme je suis grégaire dans l’âme, cela me demande toute une gymnastique et pas mal de discipline. Même le soleil me perturbe dans le sens que je dois choisir entre deux choses que j’aime également. 

Pour tout vous dire je considère que je suis encore en train d’apprendre à écrire. D’une part, mes intérêts sont tellement variés que je peine à choisir mes sujets d’écriture. En d’autres mots, je me bats continuellement contre une partie de moi pour continuer à écrire. Toutefois, mon besoin d’écrire est aussi très, très grand; je dois écrire. C’est comme boire de l’eau de source, cela me procure un grand contentement. Mais la quête de silence pour me concentrer, pour m’entendre penser est toujours présente.



Chercher un endroit pour méditer
Dès que je fus en Colombie Britannique, je me mis à chercher un endroit où je pourrais méditer pour me recentrer après ce long périple. Encore toute excitée de mon voyage en solo et de la stimulation extraordinaire des paysages, j’avais besoin de retrouver un équilibre pour m’assurer une reprise de mes activités d’auteur.

Méditer est un voyage de croissance personnelle 
Selon mon expérience, méditer est un voyage, le plus inspirant que puisse vivre un être humain. Méditer signifie être, sans plus, sans moins. Ne rien faire. La méditation est bien autre chose qu'une technique : c'est une croissance intime, interne. Elle ne s'ajoute pas à la personnalité, mais elle contribue à une  transformation fondamentale. Il faut vouloir grandir!

Le Centre de méditation Bethlehem
Juste avant de continuer vers ma destination choisie, mon exploration sur le web m’amène au Centre de méditation Bethlehem à Nainaïmo. Je m’y dépose et je reprends contact avec ma vision de ce que je suis venue faire en Colombie Britannique. Je me rebranche sur moi pour ainsi dire. Les personnes qui m’accueillent me reçoivent en toute simplicité.

Pendant quelques jours, je reprends contact avec moi. Le labyrinthe est mon endroit préféré sur le site. J’y marche lentement pendant trois jours, me laissant imprégnée d’une douce paix, me laissant cueillir tous les détails d’un tel exercice. C’est comme si je m’entretiens avec moi-même.



©La méditation posturale corporelle
La pratique de la méditation ressemble à celle d’un sport. La pratique de ©la méditation posturale corporelle est une expérience sur les plans des postures et des sensations corporelles. C’est un entraînement. En plus d’être une pratique qui donne des bénéfices à long terme et d’être une pratique physique qui entraîne le corps à rester sans mouvement, c’est aussi un entraînement du mental.
Déposé, le corps cesse de réclamer mon attention dans l’immédiat. Observatrice de celui-ci pour constater ses tensions, ses raideurs, ses chaleurs, ses sensations de froid, l’observation ne requiert aucune analyse. Laisser aller permet de l’apaiser. Les réactions corporelles viennent, partent, reviennent et repartent dans une impermanence constante.


Le silence est le lien commun à toutes les formes de méditation
Le silence est le lien commun à toutes les formes de méditation que je connaisse pour observer ce qui se passe dans le corps et l’esprit. L’expérience du calme, du corps et de la centration du mental est une manière de se renouveler. Le corps est aussi en méditation. 

Mes observations sont  devenues plus détachées
Il arrive que l’on s’accroche, que l’on nourrisse la sensation. L’égo à l’œuvre, le mental fournit des explications savantes. Revenir à la respiration dans le silence permet au corps de devenir support. 
Au début de mon apprentissage, la méditante en moi faisait œuvre de commentatrice qui constatait sans cesse « j’observe ceci, j’observe cela ». Il vint un temps où je pus observer sans me les nommer. 

Lâcher prise sans intention aide à pacifier l’esprit
Lâcher prise sans intention, sans tension aide à pacifier l’esprit. Tout en favorisant l’observation, le contenu de la méditation contribue à une bonne connaissance de soi : il permet de mieux vivre le quotidien en laissant examiner sans jugement, sans laisser les autres nous définir. L’apaisement se présente quand tout ce qui se passe devient l’objet de l’observation sans s’y accrocher.



Quand j’émerge, je me sens fraîche et dispose. Des toxines dues à la fatigue du voyage sont éliminées; à preuve, pendant deux jours, mes yeux pleurent tout seul et je baille sans cesse. Je me détends, la plénitude du silence m’habite. Ma paix intérieure me place  plus au cœur de mon être et de mon essence. Je suis prête pour visiter l’île de Vancouver et pour m’y établir temporairement.

vendredi 20 mars 2015

Direction-Les Rocheuses Canadiennes

Direction-Les Rocheuses Canadiennes
Parfois l’opportunité cogne à notre porte inopinément. La vie envoie de nombreux signes et ouvre les bonnes portes quand le temps est opportun. Un de mes enfants a décidé de quitter le Québec pour aller étudier à Vancouver. 

Céder à l’appel du large
Un an après mon retour d’un grand voyage-Asie, Moyen Orient, Indonésie-un changement important dans ma profession imposé par le Code des professions dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines (Loi 21) allait me forcer à réfléchir de nouveau à mon avenir. Cédant à l’appel du large, je partageai mes objets entre les membres de ma famille et mes bons amis et décidai de partir vers l’Ouest. En un peu plus de trois mois tout était réglé. 

Comme je me destinais à continuer d’écrire mon tout premier livre (De l’ombre à la lumière : la guérison par un récit de vie émotionnel http://aunomdelasante.blogspot.com dont le plan interne fut imaginé et débuté alors que j’étais chez mon amie Jocelyne au Qatar, je partis vers cette terre promise avec un cœur léger et une envie de vivre à fond un de mes plus beaux rêves. J’allais me pincer régulièrement durant la traversée du Canada et lors de cette étape cruciale qui a duré un an et demi. 

Mon premier long voyage solo en voiture
Mettre le cap sur l’Ouest, traverser les Rocheuses et les périlleux tunnels dans les cols de montagnes en voiture, mon passage dans la province la plus occidentale du Canada m’a paru tenir d’un miracle aussi grandiose que les plus belles réussites de ma vie personnelle et professionnelle. Mon premier long voyage solo en voiture, je prends bientôt le rythme-900 à 1000 kilomètres par jour. Je campe, je parle à des voyageurs au long-cours, me nourris des dernières victuailles achetées la veille, je me sens en grande forme physique mais surtout mentale. C’est bon de prendre des sentiers pédestres là où je les trouve pour faire de courtes randonnées avant de reprendre la voiture pour un autre bout de chemin. C’est une aventure formidable.

Traverser l’Ontario sur sa largeur
Quand je traverse une ville d’importance, j’arrête pour fouiner et échanger avec les locaux. Je perfectionne mon anglais en le pratiquant au fil des kilomètres. Changement de routine : pendant la traversée à travers l’Ontario, je sors mes CD et je chante à tue-tête. La plus longue province à traverser, je recule dans le temps à m’imaginer ces longs rubans de route occupés par des charrettes et des carrioles menés par ses premiers pionniers. C’est à ce moment-là une route poussiéreuse et improvisée à travers champs et forêts. Je me fais du bon cinéma.

Donner des nouvelles à la famille et aux amis
Je me concentre pour dépasser Ottawa me rappelant une panne d’auto sur la 117 alors que mes enfants étaient jeunes. Plus au nord-ouest, Sudbury est la porte du Nord et en marque la frontière.  Kenora me semble l’ultime destination pour un arrêt à la bibliothèque municipale et pour donner des nouvelles à mes proches par Internet. Je ne suis pas ici pour faire la touriste mais je reconnais ce cadre sauvage comme un vaste univers de paix et de solitude.

Les roches de l’Ontario me parlent
Je me sens en expédition et je rêve de traverser ses innombrables lacs et cours d’eau en  kayak : c’est un rêve flou car il faudrait consentir à de nombreux portages et pour avoir déjà fait du kayak, je n’ai pas les poignets assez forts et fiables. Dans une autre vie peut être : je pourrais revenir comme coureur des bois comme certains de mes ancêtres. Les roches de l’Ontario m’appellent, elles sont vraiment belles. De tout temps, les agrégats de minéraux, surtout quand elles ne sont pas hétérogènes en composition et structure, me fascinent.


Franchir la frontière entre l’Ontario et le Manitoba
La voyageuse qui arrive par la route bordée d’arbres échevelés se dit qu’elle est mûre pour une journée de social. Je vois le ciel ensoleillé se constituer en dôme d’un bleu incroyable au-dessus de ma tête et je sais que j’ai franchi la frontière entre l’Ontario et le Manitoba.


Premier arrêt : le Winnipeg Art Gallery dans la verte capitale de la province pour voir une imposante collection d’art inuit contemporaine. Au matin, je prends mon premier déjeuner d’œufs, bacon et pain de ménage, quel régal! Et « en route sur la croûte » comme disait mon père quand j’étais petite. On me parle en français! Ma serveuse vient de Saint-Boniface, sa patronne, dit-elle, est d’origine ukrénienne.

La fleur officielle du Manitoba est le crocus des Prairies. À la blague, les Manitobains disent que le maringouin est leur oiseau officiel tellement ses lacs leur offrent un milieu de reproduction idéale. Ils se réclament aussi d’avoir eu Louis Riel comme fondateur de leur province. Il est né à Saint-Boniface en 1844. Le long passé chargé d’histoire du Manitoba évoque aussi la colonisation à l’origine du développement de l’Ouest canadien. Ses innombrables lacs et rivières ont façonné notre histoire et notre économie. C’est en fait le cœur du Canada. 


Reprendre la route pour traverser le Manitoba
Mon bouton « ambition » de traverser le Manitoba réassigné, je reprends la route, fraîche et dispose pour traverser les Prairies. À date, aucun signe de pluie, la route est belle, propre et meilleure pour mes pneus et ma carrosserie qu’au Québec. La pluie, c’est ma bête noire, les gros camions, de bons seconds. 

La route file tout droit devant. Entre des champs de blé et des champs de seigle, je mesure la distance dans les Prairies avec ses silos aux 16 kilomètres.

  
Sur cette route dépourvue des moindres aspérités, je crie de joie quand je vois un trou d’eau où se baignent des milliers d’oiseaux de toute sorte. Nous sommes en été, et comme les trous d’eau ne sont pas sur les bords de la route, je les distingue mal. Apparemment, selon mes lectures, ce sont les oies et de canards à l’automne qui les fréquentent.

Pour me stimuler, je pense visiter les bureaux d’information touristique si je passe devant. Ainsi, je me défroisserai les jambes et le dos, question de me dégourdir et de continuer à parler l’anglais. Je manque sérieusement de pratique. Les gens sympathiques ne manquent pas nulle part, mais ils ne parlent pas nécessairement l’anglais.

Les champs immenses, l’horizon qui me fuit, mon pied qui s’alourdit à la fin de la journée et la pénombre me font soudainement prendre conscience que, sur ces routes, certains prédateurs comme des ours pourraient croiser mon chemin. Je redouble de prudence. 

Mes pensées se valent au kilomètre
Que de kilomètres pour atteindre les Rocheuses et ses parcs provinciaux! Dans ma tête, j’élabore un plan pour séjourner en camps de méditation http://destinationspourmediter.blogspot.ca/2015/01/le-silence-pour-mediter.html avec des copines. La pensée utile est celle qui génère une action. Pour cette raison uniquement, j’enregistre le tout sur magnétophone, je choisis les lieux qui me semblent favorables pour les faire. Je vois grand comme ces espaces démesurés. Le ciel ne m’a jamais paru si près. La lumière est celle des cartes postales. On dirait que la route n’a pas de fin. Je suis fascinée.



Au cœur de l’authentique Nord-Ouest canadien
Toutes  les provinces offrent des paysages, mais ici ma réflexion se tourne vers l’histoire de la Saskatchewan et son illustre chef politique, Louis Riel. Grand défenseur des droits des métis (issus de trappeurs francophones et de femmes amérindiennes), il a dû maintes fois traverser sa province à dos de cheval, soit pour sauver sa peau ou pour échapper à l’échafaud. Il sera exécuté à Régina en 1885. 

Province des muddy badlands, les roches ici ont plus de 65 millions d’années préhistoriques. Un véritable patchwork de cultures en larges sillons se déroule devant moi. Le très moderne T. Rex Discovery Center de Eastend et ses fabuleux fossiles de dinosaures me fait penser à un de mes fils qui a tout lu sur le sujet. Petit, il dévorait les livres sur les dinosaures et en savait plus que tous ses copains de classe. Mon père aurait été fier de savoir que j’avais appris que Gordie Howe, un joueur de hockey légendaire, était  né à Floral en Saskatchewan. 
  
Les paysages passent de plus en plus rapidement. Des prairies ondoyantes et des champs de canola dorés, je commence à voir les sommets enneigés de l’Alberta.



Mon impatience me dirige vers Lethbridge, j’y dormirai, prendrai un bon bain chaud et je visiterai en matinée un merveilleux jardin aménagé en 1967 à l’occasion du centenaire du Canada. C’est en souvenir de tous les travailleurs japonais qui, à bout de bras, ont bâti les chemins de fer de l’ouest et en souvenir de l’indéfectible amitié internationale que le Jardin Nikka Yoko a été conçu. 

Au retour, je me promets d’arrêter dans Dinosaur Provincial Park et à Drumheller pour visiter le Royal Tyrell Museum of Paleontology. Je croyais voir des troupeaux de buffles, il n’en fut rien.

L’identité des Albertains est étroitement liée aux peuples autochtones. Je me promets de revenir vivre une expérience culturelle en assistant à un pow-wow local ou l’on fera des célébrations réunissant chant, danse et spectacle.

La magie du voyage opère son charme. Ces vastes étendues stimulent ma pensée. C’est étrange de se rappeler que les plus grandes militantes pour les droits des femmes du Canada ont toutes vécues en Alberta. Pour n’en nommer que quelques-unes : Henrietta Muir Edwards, Nellie McClung, Louise McKinney et Emily Murphy. 

Quand je rejoins Banff, je loge dans un Best Western, histoire de me sentir moins nomade que durant les derniers six jours. Mon repas est tout à fait civilisé et des gens de London Ontario se joignent à moi au dessert. Nous sympathisons, échangeons des informations personnelles et finissons la soirée en beauté sur la terrasse de notre hôtel. Je quitterai les Dobsons avant que mon auto ne se change en citrouille et je serai de nouveau sur le tarmac vers 5:30 le lendemain matin. Avec un compagnon ou une compagne, je me serais attardée dans ce coin, mais pour le moment, il me tarde d’arriver en Colombie-Britannique. 

Voyager seule réserve de belles surprises
De grands changements se manifestent quand on voyage seule, que l'on expérimente une solitude habitée.http://destinationspourmediter.blogspot.ca/2014/12/voyager-pour-mediter-est-une demarche.html On a le temps de  penser et de tirer des réflexions sur ces pensées. Je partage mes plans avec des cyclistes dans les Auberges de Jeunesse. Ce sont des personnes de mon âge qui ont le goût de se dépasser et de vivre de belles surprises dans notre magnifique pays.


En route vers la Colombie-Britannique
La Colombie-Britannique s’étend en grande partie dans la cordillère canadienne. C’est une région constituée de chaînes de montagnes, de vallées, de plateaux et de plaines. Côtière, elle longe la côte du Pacifique. Je me devance. Je dois d'abord traverser cette province pour me rendre sur l'île de Vancouver.

C’est une route de merveilles
Mon premier Kicking Horse Pass pour entrer dans la ville de Golden par la route 1 m’offre une vue imprenable. Je crie, c’est une véritable victoire. J’y suis. Golden est une ville située sur la rive-est de la rivière Kicking Horse à proximité du parc national Yoho. C'est une porte d'entrée pour les naturalistes et pour les amoureux de vraie nature. Les parcs nationaux Glacier et Revelstoke regorgent de sentiers pour explorer les forêts aux arbres centenaires ou pour grimper sur des sommets offrant de splendides panoramas. Mes arrêts sont ponctués de marches en nature pour faire le plein de paysages grandioses que je partage avec d'autres touristes.

Au loin, la beauté spectaculaire des pics enneigés fascine, l’œil recherche le calme des vallées fertiles. Je devine de profondes gorges volcaniques. Plus tard, en voiture, quand je passe près de lacs bordés de sable fin, de collines semi-arides aux rivières tumultueuses, des parcs immenses et sauvages aux terres d'élevage, je bénis le paysage de cette région d'une diversité inouïe.

Kamloops est une ville de la Colombie-Britannique avec une population d’environ 85 000 habitants située à 350 kilomètres au nord-est de Vancouver dans la Vallée du Thompson.  Campée au milieu d'un immense territoire d'élevage de bétail, la ville de Kamloops est surnommée "la capitale du boeuf et des tournois sportifs". S'y déroule chaque année un pow-wow de réputation internationale, organisé par les Amérindiens Shuswap.

Mon arrivée dans la ville de Hope coïncide avec l'heure du repas du midi. Mon arrêt me donnera à réfléchir car j'ai déjà pensé que j'aimerais m'y établir un jour. Que non! Les montagnes m'intimident, me compriment. La visiter me fait plaisir, mais il est clair que je n'y établirai pas mes racines.

La vallée de l'Okanagan s'étend sur environ 250 kilomètres de longueur et une vingtaine de kilomètres de largeur avec de grands vignobles et des plus grands vergers du Canada, est encerclée dans un paysage semi-aride qui sent bon la sauge.

La terre est baignée de soleil et les lacs offrent de multiples facilités pour les sportifs nautiques. À l'ouest s'étendent la vallée et la gorge de la rivière Thompson, où la route serpente tantôt au bord de l'eau, tantôt à flanc de coteau, puis s'achemine entre les collines arides, coupées par endroits de falaises dentelées par l'érosion. C'est une région qu'empruntèrent les chercheurs d'or et où se trouve actuellement la plus grande mine de cuivre à ciel ouvert du monde. 

La grande richesse de la vallée de l'Okanagan
Les premières vignes de la Colombie-Britannique furent plantées dans les années 1860 près de la Mission Okanagan par le Père Charles Pandosy, et ce pour des raisons en partie religieuses.  On trouve près de 90 vignobles dans les vallées de l'Okanagan, la plupart situés entre Osoyoos et Vernon. Cette vallée est souvent comparée de par sa latitude, son orientation et son climat à la Vallée du Rhin en Allemagne. C'est une vision poétique, une expérience étonnante. La nature me tient en haleine. Quand je descends de la voiture, je hume les odeurs luxuriantes.

La Route du Vin de l'Okanagan se déroule d'Osoyoos à Salmon Arm. Elle est  signalisée par des panneaux rouge et blanc pour proposer des tours guidés et des dégustations. Dans les environs de Vernon, on propose même des tours de vignobles en canoë.

Mon auto m’impressionne. Chargée à 4 pouces du tarmac, elle roule sans contrainte. Je la baptise pour avoir un lien plus étroit avec elle. Elle s’appelle EST DAUPHINE en honneur de l’atelier LA STRATÉGIE DU DAUPHIN que j’ai donné précédemment dans mon coin de pays. Sympathique, ma vie de nomade m’enchante.

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jeudi 19 février 2015

Les compétences du peuple Inuit au Nunavik

Les Inuit vivent au rythme des saisons
Jadis, les chasseurs Inuit avaient un grand respect pour la nature et les animaux qu’ils chassaient
Les nombreux rituels pratiqués pour aider l’esprit de la bête à quitter son corps attestent de la chance qui devait permettre au chasseur de la pourchasser à nouveau dans le but de nourrir les membres de la famille. 

Les Inuit font partie de leurs terres
Ils savent utiliser les ressources naturelles de leur territoire. Les Inuit vivent au rythme des saisons tout en étant au fait de ce qui se passe dans le monde. Généralement, ils sont curieux de tout ce qui est nouveau et ils empruntent facilement ce qui leur convient, en informatique, dans les technologies et autres.

L’aspect communautaire se reflète dans leur capacité de vivre ensemble. Le bien commun est culturellement défini par les Inuit en terme collectif pour améliorer la vie des autres. 

Les Inuksuks, une forme de langage
Dispersés sur le territoire, les inukshuks sont devenus les symboles du mode de vie traditionnel des Inuit. On dirait des êtres humains aux bras étendus.


Les inukshuks servent de point de repères. Des inukshuks sont encore édifiés par les Inuit. C’est un langage correspondant parfois liés à des pratiques religieuses et comme indications routières dirigeant les chasseurs et les pêcheurs vers des endroits à gibiers ou poissonneux.

L’éducation des enfants au Nunavik
Le contraste entre ceux qui sont porteurs des traditions et des valeurs culturelles et la jeunesse qui écoute du Michael Jackson, qui regarde les émissions de la télé moderne, qui utilise avec facilité les outils informatiques, qui parle non seulement l’inuktitut mais l’anglais et aussi le français détonne alors qu’on s’attendrait à un peuple replié sur lui-même. La plupart des jeunes Inuit ont pris l’avion avant de pouvoir se servir d’une automobile ou d’un camion.

La différence entre nos cultures respectives
La différence entre nos cultures respectives s’illustre entre autre à la messe du dimanche dans un lieu de culte. Là où l’on exige que nos enfants demeurent sagement assis sur les bancs d’église, les enfants inuit se promènent  librement dans les allées, sous ou sur les bancs allant saluer toutes les personnes qui assistent a cérémonie. Les parents inuit prêchent par l’exemple.

Les enfants jouent dehors même quand il fait un froid de canard. Ils se cachent sous les maisons et trouvent toujours des moyens de se garder à l'aise.

Quand j'ai rencontré les Inuits dans les différentes communautés, j'ai été surprise de pouvoir communiquer avec eux assez facilement. Peut-être était-ce parce qu'ils me considéraient une aînée!

Les aînés sont perçus comme des porteurs de culture
Être une aînée veut dire quelque chose dans la culture inuit. Les aînés sont perçus comme des porteurs de culture. Le respect n'est pas seulement une notion d'âge chronologique; ils sont considérés comme des modèles à suivre, ils servent à titre de conseillers, de philosophes et de professeurs.



La solidarité est une valeur chez les Inuit
La solidarité est une valeur chez les Inuit. Chaque communauté est dotée d'un congélateur commun où sont déposés les surplus de chasse, de pêche, de petits fruits. Les Inuit prennent soin des membres de leur famille. La viande laissée dans le congélateur communautaire est libre d'accès et gratuit pour quiconque en a besoin.

De tout temps, l'histoire démontre la fierté des Inuit face à leur identité. Le sentiment d'appartenance est important pour les Inuit.

Les relations d'intimité entre les générations étaient évidentes entre les femmes
Durant mon séjour parmi eux, j'ai remarqué un haut degré de collaboration parmi les femmes. Les jeunes femmes apprennent la couture de leurs aînés et comment faire les vêtements traditionnels. Pendant que certaines travaillent ensemble pour gratter les peaux, d'autres préparent les patrons de kamik (bottes) et pualuuk (mitaines). Certaines femmes sont des leaders naturelles  pour de tels projets. Les autres se rallient à elles. Le groupe est cohésif pour travailler sur des projets de couture or de tricot. Durant cet échange, les femmes discutent. Les relations d'intimité entre les générations étaient évidentes entre les femmes. Dans une tentative de réconfort physique et émotionnel, les femmes inuit se regroupent pour une cigarette ou un repas. On sent qu'elles sont confortables l'une avec l'autre.

Mes observations m'ont amenées à présumer que les mères inuit ont de nombreuses qualités comme mères: en premier, elles sont relaxes, le temps est plus élastique. Jusqu'à l'âge de deux ans, l'enfant est toujours proche de sa mère, parfois peau à peau. Leurs amauti (manteaux) avec une poche confortable et douillette dans le dos, permet aux femmes de l'arctique de porter leurs tout-petits, ce qui leur assurent un bon début dans la vie. J'ai vu des enfants de trois ans être encore transportés ainsi par leur mère. Les chanceux!

Les mères inuit démontrent généralement beaucoup d'attachement pour leurs jeunes enfants et la famille élargie donne beaucoup d'attentions aux enfants. Les problèmes sociaux ne sont pas habituellement engendrés par les mères.



Durant mon long séjour, j'ai été surprise par la façon dont les enfants se comportaient. Mis à part quelques exceptions, les enfants étaient respectueux. On apprend aux enfants par l'exemple parce que par imitation, les enfants finissent par reproduire ce qu'ils observent.

Malgré tous les obstacles liés à la sécurité et à la protection des enfants, je persiste à croire que toutes ces compétences peuvent être reprises au profit des mères et des enfants pour les aider à devenir des personnes fortes.

La nourriture et leur santé 
En dépit de tous les efforts des différents paliers de gouvernement, la nourriture au Nord coûte très cher. Comme il est impossible d’y cultiver des légumes ou des céréales, les Inuit tuent encore des animaux pour leur viande riche en protéines. Il faut voir le retour des pêcheurs : les enfants se lèchent les babines bien avant que la viande soit découpée.

Une partie de cette viande est emmagasinée dans un congélateur communautaire pendant que des réserves sont cachées sous de gros cailloux pour ne pas être volées par les animaux. Le régime alimentaire des Inuit a beaucoup changé : comme nous, ils consomment maintenant des hydrates de carbone et du sucre. Des études démontrent qu’ils souffrent des mêmes maladies que nous mais que les rares Inuits qui mangent  leur nourriture traditionnelle ont une meilleure santé.

La chasse demeure un aspect important pour leur survie alimentaire
La chasse demeure un aspect important pour la survie alimentaire des Inuit. Aujourd’hui, soixante ans après l’entrée de l’homme blanc sur leur territoire, ils continuent de chasser le phoque, le caribou, l’ours blanc, mais ils pratiquent d’autres métiers que celui de chasseur et pêcheur. L'hiver, ils y vont en motoneige. Dans des photos prises sur le vif, leur immobilité est notoire. Pendant des heures, ils attendent qu'un phoque montre le bout de son nez par un trou creusé dans la banquise.

Leurs sculptures représentent souvent des animaux, et des scènes de la vie traditionnelle
Dans leurs villages, ils sont mécaniciens, commis, couturières, affectés au transport des eaux usées. Plusieurs sont de véritables artistes visuels.


Leurs sculptures en pierre de stéatite et leurs gravures démontrent qu’ils tentent de sauvegarder les valeurs propres à leur héritage culturel. Elles représentent souvent des animaux, mais aussi des scènes de la vie traditionnelle. Ils fabriquent aussi leurs outils en ivoire de morse et en os sculptés, comme les propulseurs et les grattoirs.


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vendredi 6 février 2015

Le voyage crée un paisible interlude

Une liberté pour écouter ce qui est
Les yeux fermés pour que l’attention ne soit pas happée par des réactions et des émotions liées à l’environnement, plus rien ne sollicite mon attention. Fermer le robinet de mes représentations mentales me laisse jouir d’une liberté supplémentaire pour écouter ce qui est.



Dans les voyages de méditation en pleine nature, le méditant entre dans le silence plus facilement puisqu’il ne risque pas de recevoir un téléphone impromptu, ni d’être dérangé par un visiteur inopportun.  Le lieu éloigné des repères habituels assure qu’aucune exigence quotidienne ne vient empiéter ce paisible interlude.

Entrer dans le silence aide à taire le bavardage incessant du mental. L’habiter complètement fait éventuellement taire les besoins du corps, les désirs du mental, les sentiments de manque,  les tensions dont les origines proviennent du passé.

L’état silencieux du corps et de l’esprit
L’état silencieux du corps et de l’esprit éveille la concentration. L’acte d’attention prend un sens nouveau servant à nourrir le détachement. Dans le silence intérieur, il n’y a aucun obstacle à la sérénité d’esprit et à la force intérieure morale.


Le silence est un état naturel. C’est notre nature la plus primitive comme quand nous étions dans le ventre de notre mère.

Grâce à une pratique respiratoire orientée, le rythme du souffle devient plus souple ou plus ténu selon les comportements réactionnels auxquels nous sommes assujettis.

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vendredi 30 janvier 2015

Entrer dans le silence de la Gaspésie

Une initiative expérimentée en Gaspésie
«Destinations pour méditer » est une initiative que le Centre Au Nom de la Santé a expérimenté pour la première fois au Québec en juillet 2014 avec un groupe de sept femmes dans un endroit que j’ai affectueusement nommé « l’Île des gauchers » en Gaspésie à cause des valeurs d’entraide et de partage de ses propriétaires.



En discutant avec mes premières participantes québécoises et en comprenant la signification derrière leurs préoccupations, il m’a été plus facile de suggérer une destination originale au Québec. Lorsque nous nous sommes rejointes à la destination, j’ai pu valider en plénière le sens que ce travail dans cet endroit  avait pour elles.



Une disponibilité à soi-même
S’arrêter pour réfléchir sur sa nature profonde demande une disponibilité à soi-même. Se responsabiliser face à son équilibre et à sa vitalité part d’une intention sérieuse. S’arrêter, ralentir quand il le faut pour gérer son stress est un acte de prévention qui maintient la maladie à distance.

Dans une société qui confond vitesse et résultats, ceux qui apprennent à ralentir vivent mieux le présent dans toute sa capacité. À la portée de tous, certaines activités comme la marche, la méditation, les activités de groupe déclenchent des changements au niveau de la physiologie et du mental.

Changer cesse d’être un combat
Quand le corps et l’esprit sont calmés, on peut plus facilement façonner ses modes de fonctionnement. Le phénomène se passe à l’insu de la personne, en ce sens qu’elle n’a plus à décupler autant d’efforts pour nourrir correctement sa vie. Changer cesse d’être un combat, c’est plutôt un bénéfice qu’on récolte.

©La méditation posturale corporelle
L’entraînement à la méditation posturale corporelle porte son focus sur deux aspects : le corps et la posture. Si nous désirons obtenir des bénéfices,  nous devons travailler sur ces deux composantes.

Méditer est un projet à long cours pour le fonctionnement régulier et harmonieux de l’organisme. Méditer est favorable à la vitalité du corps et entretient un état de bien-être physique, mental et social. De plus, cette méditation favorise le fonctionnement optimal de votre esprit. Plus vous devenez habile à utiliser les différents outils de la méditation posturale corporelle, plus votre concentration augmentera et plus vous serez bien avec vous-même.

Il ne s’agit pas d’une fontaine de jouvence mais la méditation posturale corporelle améliore grandement la qualité de vie et en adoucit les conditions.

Diminuer les tensions dues aux stress
La perspective d’une action plus large pour engendrer des états corporels et mentaux ciblés aide à contrôler et à diminuer les tensions dues aux stress. L’état optimal permet de bénéficier d’un potentiel actif de concentration et de stabilité des humeurs, « tout pour transformer d’importantes dimensions de la personne humaine » (Matthieu Ricard).

Une meilleure santé dépend d’une implication dynamique. À chacun de réfléchir sur ses valeurs profondes.

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lundi 26 janvier 2015

Le silence pour méditer

Le silence pour méditer


Silence inspiré
Bruissements, traces, mémoires,
Disponibilité à soi
Rencontre de l’intérieur
Silence des lieux
Espace rempli d’éternité


Revenir à soi
Se déposer en soi
Regarder vers l’intérieur
Le seuil du silence est franchi
Libérée du temps
Libérée de mon histoire

Malgré le bruit
Le silence est présent
La pensée, bruit du mental
Le mouvement de la pensée suspendue
Dans cette absence apparaît le silence 
Principe fondamental de l’existence

Pour découvrir mon noyau caché
Toucher le silence
Je me soumets
Émergence de la source
Laisser parler le silence
Exister sans intention

Silence de la conscience
C’est la rendre vivante
Donnant le droit d’être
Laisser passer ce qui survient
Pour entendre
Le silence


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mardi 13 janvier 2015

Espace nordique pour calmer les remous intérieurs

Méditer dans une nature immaculée
Mes dimanches sont sacrés. D’abord la messe en inuktitut, ensuite un repas frugal et à moins d’une tempête, je me destine à marcher dans les landes pour admirer de nouveaux paysages. En contournant le village, je fais appel à tous mes sens. Un bon livre, ma caméra au cou et mes bâtons de marche, je cherche une belle roche plate pour une méditation en pleine nature. Et toujours dans l'esprit de la méditation, je l'aborde comme un voyage.


Un sentiment d’équilibre entre mon corps et ma tête
Juste le simple acte d’écouter l’eau qui coule dans le fjord du village de Salluit au Nunavik aide à me recentrer et à faire le vide pour me redonner un sentiment d’équilibre dans mon corps et dans ma tête. Respirer l’air frais alors que ma maison est surchauffée me rend disponible à moi-même pour écouter mon cœur battre et entendre mes pensées. Laisser passer le temps, observer la dynamique des enfants qui jouent sur le bord de l’eau, réviser de mémoire les actions de la semaine précédente, lâcher prise sur ce que je ne contrôle pas, tout contribue à trouver en moi un espace pour calmer les vagues, les remous intérieurs.



Méditation en pleine nature
Méditer est un voyage, le plus suave que puisse vivre un être humain. Méditer signifie simplement être, sans rien faire: aucune activité, aucune pensée, aucune émotion. Être pour que l'existence soit pure félicité.

Une forme de béatitude remplit quand l'on ne fait rien. Elle n'a aucune cause. La méditation est bien autre chose qu'une technique : c'est une croissance personnelle intime.


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Connaître le Nunavik, s’approcher du divin

Connaître le Nunavik, c’est sûrement s’approcher du divin
Voyager au-delà de la 49e parallèle ressemble à un voyage à l’intérieur de soi. Connaître le Nunavik, c’est sûrement s’approcher du divin. La beauté unique de cet univers, à première vue rébarbatif, s’harmonise avec le peuple inuit qui a su bien tirer parti de la nature rocheuse, des os, des fourrures et du cuir pour en faire, soit des outils, des objets, des vêtements et des œuvres d’art qui évoquent son univers grandiose. L’art inuit est incomparable. On entend la pierre qui parle, qui transmet la tradition, les croyances, les valeurs de ce mode de vie en changement. Quand ils disent que c’est le plus beau pays du monde, on est porté à le croire.



Les Inuit à l’image de la terre de roches
Les Inuit sont à l’image de leur terre ancestrale : ils sont résistants, tenaces, puissants, imaginatifs, tirant profit de toutes les ressources possibles sur ces côtes escarpées de la péninsule nordique. S’y rendre, c’est s’engager à suivre un cours d’anthropologie, de sociologie et même de philosophie. Pour visiter les Inuit, seules s’offrent la voie des airs ou la voie maritime. Jalonnée d’escales, les Baies d’Ungava et d’Hudson offrent également une leçon de géographie. Les voyageurs audacieux qui recherchent des aventures hors des sentiers battus peuvent se joindre à des pourvoiries pour la pêche au saumon ou à l’omble de chevalier de l’Arctique. Ils peuvent aussi observer le caribou. Ceux qui s’adonnent plutôt à la connaissance des peuples feront bien de chercher une manière d’y travailler.



Les Inuits se sont adaptés à notre monde moderne : ils ne vivent plus dans des igloos, n’ont plus de chiens pour la chasse.  Ils paient leurs impôts, un loyer tout comme nous.  Les traîneaux ont été remplacés par des motoneiges et des véhicules à trois roues pour emprunter les mêmes pistes que les traîneaux d’autrefois. Ils ont des idées bien à eux pour leur propre gouvernance.

De la pierre au papier
Les artistes talentueux du Nunavik créent des formes inédites inspirées de leur quotidien tant avec la pierre qu’avec le papier. Mon œil est invariablement attiré par les œuvres d’une grande dextérité (photo). Le travail sur l’ivoire est pratiquement impossible à trouver : les défenses de morse sont plus difficiles à obtenir et elles prennent beaucoup de temps à sécher. Les dessins, les gravures (munissez-vous de bons écouteurs pour entendre les chants de gorge) m’inspirent pour de prochaines courtepointes (photo). On y retrouve une sensibilité, une musicalité visuelle à travers l’image.



L’atelier des femmes, un monde de création
Le samedi, je me joins aux femmes du village à l’atelier des femmes. Mon but est de terminer une courtepointe en appliqué tout en liant avec elles des liens qui peuvent faciliter mes rencontres avec elles. La première chose qui me frappe, c’est qu’elle m’accepte tout  de Go, sans poser de questions. Plusieurs parlent assez bien l’anglais pour que nous puissions communiquer. Les aînées ne parlent souvent que l’inuktitut.

Mais par signes, j’apprivoise leurs gestes et mimiques. Je remarque qu’elles sont vraiment attentives à leur travail et elles sont d’une adresse remarquable. Je me sens bien moins douée qu’elles. L’une des femmes plus jeunes me montrent un projet qu’elle a débuté. Tous les points à la main sont espacés également. Pensant que cela fait des années qu’elle pratique la couture, je lui demande quel âge elle avait quand elle a appris à coudre. Elle répond que sa mère lui a enseigné à coudre juste avant sa mort il y a un an. En premier, je ne la crois pas. Des compagnes s’approchent et valident qu’elle en est à ses débuts. De gauche, je me sens malhabile.


Plusieurs sont en trains de faire des kamiks, ces belles bottes en peau de béluga et de phoque. Elles prennent le temps d’examiner les peaux, les vérifiant pour des défauts qui nuiraient à l’esthétique des bottes. Je prends des photos.
ANECDOTES

La concordance des événements dans le ciel du Nunavik
Lors de mes voyages, j’ai remarqué que la concordance des événements est toujours à l’œuvre. J’avais été introduite à la fille d’une femme aînée inuit que j’aimais beaucoup. À une occasion spéciale, j’avais participé à la fête de cette aînée et j’avais entendu parler de la plus jeune sœur de cette famille, laquelle demeurait dans ma ville au Sud. Je côtoyais sa parenté sans la connaître,  quoique j’aie entendu parler de son époux québécois.

Or, je suis sur l’avion pour mon retour au village inuit et assis près de moi, un jeune d’environ 12 ans. Je pense qu’il voyage seul, je lui demande s’il va rejoindre sa famille et il me répond que sa mère est assise devant nous.  Je me lève pour la voir et me présente. C’est une occasion de nouer des liens avec une personne de mon milieu inuit. Quand je me présente, je lui dis que je connais sa sœur. C'est celle dont elle m’a déjà parlé. Wow! Drôle de coïncidence! Alors, nous prévoyons des rencontres amicales dans son village natal et nous nous revoyons un an plus tard, à mon retour au Sud. Elle m’encourage vivement pour un projet qui me tient à cœur pour les enfants et les mères dans les villages nordiques.

J’ai rencontré sa grand-mère en allant au marché d’alimentation. Quand nous nous voyons, nous nous sourions. Quand je me joins à l’atelier des femmes, elle me fait sentir la bienvenue. Je l’invite à venir prendre le thé chez moi avec une de ses filles. Celle-ci est l’interprète du jour.

Au printemps, je suis en train de me choisir une paire de souliers de course à la Coop. Annie, mon amie aînée me propose son aide pour les choisir. Nous rions et manifestement, c’est la fête avec elle. C’est une amie même si nous n'échangeons aucune parole. Le langage ne compte pas.

Être bercée sur mon divan
Le samedi, je regarde les émissions d’APTN. Assise sur mon divan, je regarde dehors. Le vent s’en donne à cœur joie. Mon divan devient mon hamac car la maison sur pilotis dans laquelle j’habite bouge légèrement. C’est un bercement auquel je prends goût et n’ai jamais retrouvé ailleurs.

Les soupers amicaux pour briser la glace
Je fus accueillie par l’époux de la grande amie de ma fille. Après quelques semaines au Nord, je fus invitée à un souper qui se tenait chez un infirmier. Il est un vieil habitué au village et contribue à l’intégration des nouveaux venus. Ses soupers sont notoires avec une table abondante; son décor d’artiste est fascinant. Ses invités proviennent de tous les univers possibles.

En guise de bienvenu, cette invitation fait du bien autant au cœur qu’à l’estomac.  Je découvrirai que la vie sociale au Nord est plus active que celle du Sud.

Les surprises abondent. Les coutumes différentes  m'encouragent à prendre des notes.  Je veux connaître  les Inuits, je veux saisir leur mentalité. À la fin de la soirée, la jeune préposée inuit demande à manger les yeux de l’omble de l’Arctique, ce qui lui  est gentiment accordé.

Les ours et les loups ont peu à manger à la saison d’hiver
L’hiver, s’habiller pour marcher dans la toundra constitue une épreuve et relève d’un exploit. Avec mes nombreuses couches de vêtements, je me sens comme une cosmonaute dans mon épais manteau en duvet, mes pantalons de neige et mes bottes d’hiver de -40 degré. Il faut aussi prévoir un compagnon car il n’est pas sécuritaire de marcher seule. Par chance une amie m’a prévenu. Les ours et les loups ont peu à manger à la saison d’hiver. Les conditions météo changent rapidement. Vivre mon « trip inuit » en appelle de prudence.

Quand j'arrive à Kuujjuarapik au début février et je ne connais personne. De mon logis, je pouvais voir au loin un immense inukshuk. Pendant mes premiers jours, j’ai fait appel à mon bon sens, mais éventuellement, l'ennui me pousse à risquer la marche vers l’inukshuk. Ce n’est qu’en arrivant devant une goélette presque entièrement enchâssée dans la neige poudreuse que je me suis rappelée le conseil de mon amie. Aussi bien dire que j’ai marché vite pour retourner au village.

L’arrivée du bateau ravitailleur au printemps
Une maison du village a brûlée. À part les armoires et les fenêtres, elle est récupérable. Mais il faudra attendre l’arrivée du bateau ravitailleur au printemps pour la livraison des fenêtres et d’autres matériaux de construction. Dès qu’il s’engage dans le fjord, les villageois s’animent, sachant que prochainement, les tablettes de la Northern ou de la Coop regorgeront de nouveaux produits, dont parfois des coquilles de maisons, des motos, des VTT, des motoneiges et les pièces de motoneiges. La maison sera montée sur pilotés et vissée au sol sur des roches plates.

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vendredi 9 janvier 2015

Le Nunavik, terre de rêves pour les amoureux du Nord

Le Nunavik et les Territoires du Nord-Ouest ont aussi fait partie de mes découvertes. La visite de quatre communautés nordiques-Kuujjuarapik, Povernituq, Salluit et Quaqtaq-permet de mesurer l’histoire et la géologie pour voir plus large.

Le Nunavik, territoire prisé par les blancs
Pour le dépaysement, j’ai décidé de commencer avec le Nunavik. C’est le territoire le plus original, naturel et symbolique de tous les Nord, un véritable territoire. Répartis dans plusieurs villages, on ne peut rejoindre les Inuits que par avion.

Le Nunavik, terre de rêves pour les amoureux du Nord
Le Nunavik est ponctué de paysages spectaculaires. Sa toponymie porte la marque du passage des glaciers qui les ont façonnés.

Vu des airs, l’ancien Nouveau-Québec offre une vision de rêve pour y découvrir au fil des miles aériens la force d’une nature sauvage, calme et discrète, dans une froidure quasiment légendaire. Délimité à l’ouest par la Baie d’Hudson, au nord par le détroit d’Hudson, à l’est par la Baie d’Ungava et le Labrador, le Nunavik a une superficie de 507 000 kilomètres carrés, soit à peu près le tiers du Québec.

Sur le toit du monde, les distances s’effacent
Sur le toit du monde, les distances s’effacent. Autrefois, l’environnement revêtait une importance capitale pour leur survie. Au Nunavik, on se réfère souvent aux vents contraires-le climat peut changer d’une minute à l’autre. Il n’y a aucun arbre, le vent souffle fort et l’instabilité du temps force les habitants du Nunavik à improviser les occasions qui passent. Les Inuit ont une grande capacité pour observer le ciel, sentir les vents et prévoir les comportements de la faune. Ils ont le compas dans l’œil, captant rapidement la présence du lièvre sur la neige et prévoyant la dynamique des plaques de glace.

Le Nunavik, une terre burinée par de gigantesques glaciers
Deux compagnies aériennes se partagent les quatorze villages du Nunavik : First Air et Air Inuit. Du haut des airs, il faut voir ces terres à perte de vue, formées de roches glaciaires qu’une maigre végétation recouvre. La totalité du Nunavik, burinée sans doute il y a des millions d’années par de gigantesques glaciers, intègre des vallées en  forme de bols à soupe, des fjords dentelés, des eskers atteignant des dimensions de l'ordre de 100 km de longueur et de 50 m de hauteur, autant de formes géomorphologiques qui rappellent les premiers âges de la planète.

Le réchauffement du Grand Nord prend de multiples formes
Depuis la fonte des glaces, les températures se sont modifiées. J’ai rencontré M. Michel Allard, de l’Université Laval à Québec, à Salluit alors que je m’y trouvais également. De son avis,  des études en géothermie démontrent que le pergélisol ne permet plus de fixer les maisons dans les villages. Il faut maintenant attendre le dégel du printemps. Le problème, c’est que le pergélisol commence à fondre en profondeur dès qu’il y a de l’activité humaine.

« Aussitôt que le pergélisol se met à fondre, la glace, les morceaux de glace qu’il contient deviennent de l’eau qui se met à ruisseler.  Le sol libère du gaz carbonique et du méthane et qui provoque des coulées de boue. Ultimement, la fonte de cette glace crée des cavités, ou des vides, sous la surface. Au début, la surface tient le coup, mais à la longue, à cause de l’humidité ou pour d’autres raisons, elle s’effondre, et cela crée ces espèces de trous. En Alaska, les gens les appellent : entonnoirs » (Vladimir Romanovski, Professeur à l’Université de l’Alaska à Fairbanks).

Les Inuit redoutent la dégradation de leur environnement. Le réchauffement de la planète a des conséquences catastrophiques sur le milieu polaire. La chaîne alimentaire est particulièrement touchée par le mercure. Les déchets toxiques nuisibles apportés dans les courants du Sud sur les côtes nordiques nuisent aux animaux et donc aux hommes qui s'en nourrissent.

Le réchauffement du Grand Nord prend de multiples autres formes. Les arbres, là où ils poussent (Kuujjuarapik), meurent par millions; certains insectes (maringouins) deviennent des fléaux; la banquise arctique rapetisse et menace les ours polaires, les phoques et les morses; les côtes s’érodent, les constructions s’enfoncent dans le sol; des lacs apparaissent et d’autres disparaissent; les caribous ne trouvent plus assez à manger, les renards arctiques sont confrontés à leurs cousins du sud; la toundra s’assèche et les Inuits ne reconnaissent plus leur monde.

La recherche de solutions
Le développement du tourisme est perçu comme une des solutions pour les jeunes qui ont peu d'espoir dans l'avenir. Le chômage est important: les jeunes sont désoeuvrés, contribuant aux problèmes sociaux.  Le peuple inuit est grandement touché par l'alcoolisme, la violence et le suicide. Les changements rapides entre la vie d'avant et la vie contemporaine ont bouleversé le mode de vie des Inuits.


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